CHAPITRE XXII

Obi-Wan n’aurait jamais pu imaginer une telle bataille. Il ne ressentait pas la moindre peur. Il était prêt à mourir. Il n’avait pas une chance de s’en sortir. Maintenant, une seule chose importait : protéger les Arconiens. Il n’était pas en colère non plus, car il n’avait rien contre les bêtes affamées qui descendaient inlassablement du ciel sombre.

La Force était son alliée.

Il la sentait en lui, à travers lui et jusqu’au cœur des draigons. Il bondit et fit un saut périlleux tout en tailladant des ailes et des griffes. La bataille devint une danse de survie.

Alors qu’il luttait pour sa vie et celle de ses amis, Obi-Wan avait l’impression que quelque chose changeait en lui. Il ressentait des impulsions qu’il n’avait jamais connues. Il voyait les assauts avant qu’ils se produisent. Il percevait le mouvement d’une queue avant qu’elle bouge. Les muscles des draigons semblaient si bien dessinés qu’il discernait le moindre frémissement révélateur de la façon dont ils allaient réagir. Les cadavres s’empilaient tout autour de lui. Il s’abandonnait totalement à cette danse mortelle.

Après d’interminables minutes, il se mit à battre en retraite vers l’entrée de la caverne. Il venait d’avoir une idée. S’il pouvait tuer les bêtes devant l’ouverture, leurs cadavres la bloqueraient. Et s’il parvenait à obstruer ainsi toutes les issues, ils auraient peut-être une chance.

Il luttait avec férocité pour se frayer un chemin lorsqu’il entendit un rire familier.

– Bien joué, petit homme ! ricanait Jemba.

L’énorme Hutt sortit de l’ombre. Il tenait un monumental fusil blaster.

Obi-Wan se contenta de lui jeter un bref coup d’œil : il n’avait pas de temps à lui consacrer. Trois draigons s’étaient rassemblés à l’entrée de la grotte.

– Aide-moi ! lança-t-il à Jemba.

Avec son arme surdimensionnée, le Hutt n’aurait aucun mal à abattre les créatures. Il pouvait l’aider à parvenir à ses fins. Obi-Wan savait qu’il n’avait aucune envie de sauver la vie des mineurs, mais il voulait sans doute préserver la sienne.

– Bien sûr ! Je vais t’aider… à mourir !

Il leva son blaster et le braqua sur Obi-Wan.

Grelb se rencognait toujours derrière ses rochers. La silhouette du garçon se découpait devant l’entrée béante de la caverne.

Le Hutt eut un petit rire. C’était l’occasion qu’il attendait. Il appuya sur la détente de son blaster.

Le coup partit – mais le garçon devait l’avoir pressenti, car, à la grande surprise de Grelb, il se jeta sur le côté et l’évita.

Le Hutt poussa un cri de rage et se prépara à tirer de nouveau. Cette fois, il ne raterait pas sa cible. Soudain, il sentit d’énormes crocs se refermer sur sa queue. Un draigon l’avait débusqué.

La bête l’extirpa de sa cachette.

Obi-Wan en restait abasourdi. Il avait senti la Force, avait fait un bond de côté, et une décharge de blaster venue de nulle part était passée au-dessus de sa tête. Mais Jemba fut plus surpris encore : l’énorme Hutt reçut la décharge en pleine poitrine. Un bref instant, il regarda la plaie d’un air incrédule. Ses yeux écarquillés fixèrent Obi-Wan. Le tonnerre gronda, les éclairs strièrent le ciel. Puis Jemba s’effondra sur le sol boueux et mourut.

Le cri d’un draigon ramena le garçon à la réalité. Il eut à peine le temps de dresser son sabrolaser pour frapper la gueule béante, puis de sauter en arrière.

– Il n’est pas passé loin, remarqua Qui-Gon derrière lui.

Ce dernier avait actionné son propre sabrolaser qui brillait d’une lumière verte.

– Je crois que tu aurais bien besoin d’un coup de main.